Les deux termes font désormais partie du langage courant, si bien que l’on ne sait pas toujours très bien lequel choisir, et ce qu’ils recouvrent l’un et l’autre. On a voulu y voir plus clair, pour les utiliser à bon escient et dans les bonnes circonstances.
Les définitions médicales
Le terme stérile ou stérilité renvoie à l’absence de vie, de descendance. On dit d’une terre qu’elle est stérile lorsqu’aucun végétal n’y pousse, ou d’un animal qu’il est stérile lorsqu’il ne peut engendrer de descendance, qu’il n’est pas apte à la reproduction.
Chez l’être humain, la stérilité est un terme qui désigne l’incapacité physiologique totale de concevoir naturellement, de porter un bébé, ou d’accoucher d’une progéniture saine ou viable.
L’infertilité est un terme davantage utilisé par le corps médical, comme nous l’indique le Dr Benguigui. Au sens médical, on dit d’un couple hétérosexuel qu’il est infertile en l’absence de grossesse naturelle spontanée au bout d’un an avec des rapports sexuels réguliers, sans contraception. On parle ensuite d’infertilité masculine ou féminine ou mixte selon la cause retrouvée lors du bilan. Il existe de nombreuses causes possibles à l’infertilité féminine comme masculine.
Stérilité : un mot à bannir ?
« En pratique, on parle surtout d’infertilité », nous avoue d’emblée le Dr Benguigui, gynécologue-obstétricien à l’Hôpital américain de Paris. Car le mot « stérilité » « donne un caractère définitif à une situation médicale qui est déjà très inconfortable », et qui n’est pas forcément inéluctable.
Il y a bien des situations médicales où la personne peut être réellement stérile, dans le sens de ne pas pouvoir démarrer une grossesse naturellement sans aide médicale. Citons notamment la vasectomie chez les hommes, ou la ligature des trompes chez les femmes. Dans les deux cas, une grossesse ne peut survenir de façon naturelle, puisque la rencontre des gamètes est empêchée. En revanche, via une assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA), un couple où l’un des partenaires aurait subi cet acte médical (ligature des trompes ou vasectomie) pourra peut-être parvenir à procréer, via une biopsie testiculaire (pour obtenir des spermatozoïdes) ou une ponction des ovocytes.
Citons aussi le cas de femmes atteintes du syndrome de Rokitansky, ou MRKH, qui sont nées sans utérus, ou encore celui d’hommes où certaines mutations génétiques engendrent l’absence de canaux déférents, ces canaux chargés de conduire le sperme des testicules jusqu’à l’urètre en vue de l’éjaculation. Dans ces situations, le mot stérilité peut être employé, pourtant des solutions peuvent exister pour leur permettre d’avoir un enfant : via l’adoption, via le recours à la gestation pour autrui, via une greffe d’utérus en cas de syndrome MRKH, ou la fécondation in vitro pour les hommes dépourvus de canaux déférents.
Au mot stérilité, ou même infertilité, le Dr Benguigui préfère le terme d’hypofertilité, soit une fertilité diminuée par rapport à la normale.
Infertilité primaire ou secondaire : une distinction qui peut avoir son importance
Notons qu’au niveau médical, on distingue aussi l’infertilité primaire, lorsqu’un couple n’est jamais parvenu à une grossesse, de l’infertilité secondaire, lorsqu’il y a déjà eu une grossesse naturelle. On parle également d’infertilité secondaire lorsqu’il y a eu une grossesse mais que celle-ci n’a pas abouti à la naissance d’un enfant vivant (fausse couche, IVG, IMG, décès in utero…). Car au niveau strictement médical, s’il y a déjà eu une grossesse, cela veut dire que la rencontre des gamètes a pu avoir lieu et aboutir à un embryon, et que le « problème » d’infertilité se trouve donc potentiellement à un autre niveau.
Femme, homme : comment savoir si l’on est infertile ?
Il n’existe aucun examen attestant de la possibilité de procréer. Cependant, quelques examens peuvent permettre de sensibiliser les patientes et patients sur la fertilité, permettant de recommander plus rapidement une consultation avec un spécialiste au besoin.
Si une endométriose est soupçonnée, une échographie pelvienne ou une IRM pelvienne peut mettre en évidence des lésions pouvant expliquer l’absence de grossesse malgré des rapports sexuels réguliers.
Chez l’homme, le spermogramme permet de connaître la qualité, vivacité, mobilité et viabilité des spermatozoïdes. On peut ainsi diagnostiquer une oligospermie (concentration anormalement faible de spermatozoïdes), une azoospermie (absence de spermatozoïdes dans le sperme) ou une asthénospermie (mobilité réduite des spermatozoïdes).
D’autres examens complémentaires peuvent être prescrits, notamment pour connaître la perméabilité des trompes de Fallope, lieu de la rencontre entre ovule et spermatozoïdes. Il s’agit d’un examen obligatoire, qui peut avoir lieu soit par voie échographique « HYFOSY » (examen quasi indolore) soit par radiographie. On parle alors d’hystérosalpingographie.
Les différentes causes possibles à l’infertilité
Les appareils génitaux féminin et masculin étant complexes, régis par plusieurs mécanismes hormonaux, il existe beaucoup de causes possibles à l’infertilité. C’est pourquoi la recherche de la ou des cause(s) nécessite divers examens médicaux et analyses. Lesquels permettront, par la suite, de trouver la technique d’assistance médicale à la procréation la plus appropriée.
Les principales causes d’infertilité chez femme
Les causes de l’infertilité féminine sont de plus en plus connues, et peuvent être multiples. En voici quelques-unes :
- l’âge, la qualité des ovocytes diminuant dès 35-37 ans ;
- les troubles de l’ovulation (notamment le syndrome des ovaires polykystiques ou SOPK) ;
- une obstruction des trompes de Fallope (du fait d’une endométriose, d’une infection, d’adhérences liées à une opération…) ;
- une endométriose ;
- l’anorexie mentale qui bouleverse le cycle menstruel et engendre parfois une aménorrhée (absence de règles) ;
- des anomalies au niveau du col de l’utérus ou de la glaire cervicale ;
- une malformation congénitale (exemple : le syndrome de Rokitanski ou MRKH) ;
- une ménopause précoce ;
- une insuffisance ovarienne précoce ;
- une trop grande exposition à des toxines (tabac, alcool, hygiène de vie et alimentation).
Les principales causes d’infertilité chez l’homme
Chez l’homme, on distingue les causes mécaniques, liées à des problèmes au niveau des organes génitaux (varicocèle, lésions ou malformations au niveau des testicules, cryptorchidie…) des causes génétiques, infectieuses ou encore hormonales (défaut de testostérone, diabète, hyperthyroïdie…). L’environnement (polluants, pesticides, médicaments…) et le mode de vie (alcool, tabac, bains chauds, alimentation) peuvent aussi influer sur la fertilité masculine.