Mai 30, 2025 | Les Premiers Moments

La congélation d’ovocytes en France : comment ça marche ?

En janvier 2015, Facebook et Apple ont décidé d’offrir la congélation d’ovules à leurs salariées. L’objectif ? Permettre aux femmes de repousser leur désir d’enfant pour se concentrer sur leur évolution professionnelle. En offrant cette possibilité, les géants de la Silicon Valley ne s’attendaient sûrement pas à déclencher un tel tollé jusqu’en France. Et pour cause, les deux entreprises confortent une idée reçue encore bien d’actualité : la maternité nuirait à la carrière. Si on veut espérer ce qui est considéré sociétalement comme un “bon job” : il faut attendre pour avoir des enfants. « Le débat est un débat médical, éthique, ça n’est certainement pas un débat pour directeurs de ressources humaines », a alors réagi la ministre de la Santé, lorsqu’a éclaté la polémique en France, en 2014.

Qui a droit à la congélation de ses ovocytes en France ? Jusqu’à quel âge peut-on y accéder ?

Depuis, la révision des lois de bioéthique de juillet 2021 a élargi le droit d’accès à la congélation d’ovocytes. L’autoconservation de ses gamètes est donc désormais accessibles aux hommes et aux femmes, en dehors de tout motif médical. Auparavant, le processus était strictement encadré et uniquement autorisé pour les femmes qui s’étaient engagées dans un parcours de PMA, en prévention de maladies comme une endométriose sévère ou de traitements médicaux potentiellement dangereux pour la fertilité féminine, tels qu’une chimiothérapie, et enfin, pour les donneuses d’ovocytes.

En outre, auparavant, seules les femmes ayant déjà été mères pouvaient donner leurs gamètes, mais aujourd’hui, le don d’ovocytes est lui aussi ouvert à toutes les femmes. En contrepartie, les donneuses, dans le cas où elles ne pourraient pas devenir mère après avoir donné leurs ovocytes, peuvent toujours en congeler une partie. Par ailleurs, la loi autorise la vitrification des ovocytes, un procédé très performant qui permet une congélation ultra-rapide des ovocytes.

Pour autant, Facebook et Apple ne peuvent toujours pas agir en France comme ils le font dans d’autres pays, puisque la légalisation de l’autoconservation de ses gamètes s’est accompagnée d’une interdiction envers les employeurs ou toute autre personne avec laquelle l’intéressé est dans une situation de dépendance économique de proposer la prise en charge des frais d’autoconservation. L’activité est, par ailleurs, réservée pour le moment aux établissements de santé publics et privés à but non lucratif. Si les actes liés au recueil et au prélèvement des gamètes sont pris en charge par la Sécurité sociale, ce n’est donc pas le cas du coût de la conservation. Enfin, une limite d’âge est posée.

Fertilité, résultats à plus de 40 ans… La congélation d’ovocytes, est-ce efficace ? Peut-on espérer tomber ainsi enceinte plus tard ?

Cette méthode est aujourd’hui bien maîtrisée par les médecins, mais il faut tout de même avoir conscience que le taux de naissance après congélation ovocytaire n’atteint pas les 100 %, loin de là. Pour améliorer les chances de grossesse, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) estime que la congélation doit se faire entre 25 et 35 ans. Au-delà, la fertilité des femmes baisse, les ovules perdent en qualité et par conséquent, le taux de succès des PMA chute. Si on congèle ses ovules à 40 ans ou plus tard, on a ainsi moins de chance d’être ensuite enceinte.

Selon les données de l’Agence de la biomédecine, les chances d’accoucher après avoir eu recours à un processus de congélation de ses ovocytes n’est que de 7,4 % s’il a eu lieu entre 40 et 42 ans.

Quelle est la procédure pour ce prélèvement ? Comment faire pour prendre rdv pour une congélation des ovocytes à Paris ou dans les autres grandes villes de France ?

La congélation des ovocytes, dite aussi cryoconservation ovocytaire, est une méthode de préservation de la fertilité. Après une stimulation ovarienne ou non, en fonction des besoins, les ovocytes sont prélevés, puis congelés dans de l’azote liquide. Ils sont alors stockés en vue d’une grossesse ultérieure.

La procédure est assez longue et nécessite plusieurs rendez-vous médicaux. Il faut débuter par un rendez-vous chez son ou sa gynécologue, puis réaliser une prise de sang (en vue de détecter une éventuelle infection sexuellement transmissible, comme le VIH ou la syphilis). Ensuite, on procède à une consultation avec un ou une biologiste spécialiste de la reproduction, puis avec un ou une sage-femme, et enfin, avec un ou une anesthésiste. 

Deux jours après l’échographie, et éventuellement après une stimulation ovarienne, c’est le moment de la ponction. Le prélèvement ovocytaire est réalisé au bloc opératoire, sous anesthésie locale ou générale. 

Tous les ans, il sera demandé à la personne qui a congelé ses ovocytes ce qu’elle souhaite en faire : 

  • Les conserver ; 
  • Les utiliser dans un processus de procréation médicalement assistée ; 
  • En faire don à des personnes en attente de don ; 
  • En faire don à la recherche scientifique ; 
  • Mettre fin à leur conservation. 

Quels sont les effets secondaires de la congélation des ovocytes ?

Il n’y a pas d’effets secondaires à la congélation des ovocytes.

Prix : la congélation des ovocytes, est-ce gratuit ? Combien ça coûte ?

Depuis la loi du 3 août 2021, toute femme française âgée de 29 à 37 ans peut procéder gratuitement à la congélation de ses ovocytes, sans motif médical. Si les actes médicaux et le prélèvement est entièrement remboursé par la Sécurité sociale, les frais de conservation sont à la charge de chacun et s’élèvent à 45 euros par an.