Déc 12, 2025 | Les Premiers Moments

Comment et pourquoi la FIV augmente les chances d’avoir des jumeaux

On peut souhaiter avoir des jumeaux, comme on peut redouter d’en avoir et vouloir tout faire pour éviter cela. Dans les deux cas, mieux vaut savoir que le recours à la technique courante de procréation médicalement assistée qu’est la fécondation in vitro (FIV) augmente la probabilité de vivre une grossesse gémellaire, et ce par plusieurs mécanismes concomitants. La FIV multiplierait au moins par 4 la probabilité d’avoir des jumeaux, selon le Pr Yves Ville, gynécologue-obstétricien et président du comité scientifique de la Fédération Jumeaux et plus.

En cas de PMA (procréation médicale assistée, toutes techniques confondues), un couple possède 25 % de chances d’avoir des jumeaux (contre 1,6 % naturellement) et 2,5 % d’avoir des triplés (contre 0,03 % naturellement). (Source Fivnat, citée par Jumeau et Plus)

La fécondation in vitro en bref

La fécondation in vitro désigne une technique de procréation médicalement assistée parmi d’autres, mais aussi et surtout la plus utilisée. Elle consiste à recueillir les gamètes des deux partenaires, dans le cas d’un couple hétérosexuel (spermatozoïdes et ovocytes), et de les faire se rencontrer en laboratoire (in vitro, donc). Un ou plusieurs embryons s’y forment, et un à deux embryons sont choisis et transférés dans l’utérus de la patiente. Une dizaine de jours après, une prise de sang dosant l’hormone bêta-HCG vient confirmer ou non un début de grossesse.

Le stade Blastocyste j5 augmente les chances, même avec un seul embryon

Il y a plusieurs facteurs qui augmentent la probabilité de gémellité en cas de recours à la FIV. L’un d’entre eux est inhérent à la technique en elle-même. « La plupart des techniques utilisent désormais le transfert au stade de blastocyste, à J5, et le fait de manipuler un embryon à ce stade serait déjà un facteur de clivage (comprenez, de division et de création de deux embryons) », nous explique le Pr Yves Ville. La culture prolongée des embryons jusqu’à 5 jours après fécondation serait ainsi propice à la division du zygote (œuf fécondé) en deux embryons. Notons que les deux embryons ainsi obtenus ont le même patrimoine génétique de base, et, s’ils se nichent tous deux dans la muqueuse utérine et s’y développent normalement, donneront de vrais jumeaux, ou jumeaux monozygotes. Notons également qu’il s’agit alors forcément d’une grossesse monochoriale, avec un même placenta pour les deux fœtus.

L’âge, un facteur de gémellité incompressible

Outre l’implantation de plusieurs embryons, ou la division d’un seul embryon, l’âge de la femme au moment de la FIV est un facteur de gémellité. Ainsi, selon les chiffres de l’association Fivnat, le risque d’une grossesse multiple naturelle est de 5,8 pour 1 000 à 20 ans contre 13‰ entre 35-39 ans, soit un risque multiplié par 2,2. Cela serait dû à une plus grande probabilité de polyovulation : à mesure que l’on avance en âge, les ovaires auraient tendance à libérer plusieurs ovocytes en même temps au cours de l’ovulation. Et qui dit plusieurs ovules libérés, dit plusieurs embryons s’ils sont tous fécondés par des spermatozoïdes et parviennent à s’implanter dans la muqueuse utérine (endomètre).

Peut-on avoir de vrais ou de faux jumeaux avec la FIV ?

« Les deux mon capitaine ! » pourrait-on répondre. En effet, on l’a vu, même avec un seul embryon en présence, les probabilités qu’il se scinde en deux et aboutisse à deux embryons sont plus élevées qu’en dehors de la FIV, du fait du transfert d’embryon effectué au stade de blastocyste. Ce qui aboutit alors à de vrais jumeaux, ou jumeaux monozygotes, puisqu’issus d’un même œuf à l’origine.

Quant à la probabilité d’avoir de faux jumeaux, elle est augmentée lorsque deux embryons sont transférés et s’implantent dans la muqueuse utérine, aboutissant à des jumeaux dizygotes, puisqu’issus de deux œufs différents.

Comment avoir des jumeaux grâce à la FIV ?

Si l’on désire absolument avoir des jumeaux et qu’on est engagés dans une procédure d’aide médicale à la procréation (AMP ou PMA), pour mettre toutes les chances de son côté, il est possible de demander que deux embryons soient transférés. De fait, il est possible que ces deux embryons s’implantent, aboutissant à deux faux jumeaux (ou jumeaux dizygotes). Avec toutefois un autre paramètre à prendre en compte, celui d’une grossesse multiple, de triplés ou de quadruplés, si un ou les deux embryons transférés se scindent en deux et aboutissent à de vrais jumeaux. Et là, il est alors plus judicieux de parler de risque que de chance, étant donné les risques associés à une grossesse triple ou quadruple (accouchement très prématuré notamment, faibles poids de naissance).

Est-il possible de limiter les probabilités d’avoir des jumeaux en cas de FIV ?

À l’inverse, pour plusieurs raisons, un couple ou une femme seule peut préférer éviter d’avoir des jumeaux. S’il n’est pas complètement possible de réduire la probabilité de gémellité à celle d’une grossesse « naturelle » (comprenez, sans recours à la PMA), le transfert d’un seul embryon diminue cette probabilité. « Il y a toutefois un risque incompressible dû à la manipulation de l’embryon au stade de blastocyste, et actuellement, la plupart des FIV incluent l’atteinte de ce stade embryonnaire avant transfert, car cela augmente considérablement les chances de succès de la FIV », détaille le Pr Yves Ville, qui rappelle en outre que le facteur âge joue aussi, les femmes ayant plus de chance (ou de risque, c’est selon) d’avoir une grossesse multiple au fil des années.

Le transfert d’un seul embryon a permis de diminuer le nombre de grossesses gémellaires liées à la FIV, malgré tout la probabilité d’avoir des jumeaux demeure augmentée lorsque l’on a recours à cette aide médicale à la procréation.