La borréliose de Lyme, plus connue sous le nom de maladie de Lyme (prononcer « laïme », du nom d’une ville américaine dans le Connecticut) est une infection bactérienne que l’on contracte via la morsure d’une tique infectée. La bactérie en cause est de la même famille que celle responsable de la syphilis ou de la leptospirose. « Ce sont des bactéries qui se ressemblent. On appelle ça des spirochétoses parce que ce sont des bactéries en forme de spirale », nous indique le Pr Pierre Tattevin, médecin et professeur en maladies infectieuses au Centre hospitalier universitaire de Rennes. « Et comme ces autres maladies, la maladie de Lyme est diagnostiquée essentiellement par sérologie », poursuit le médecin, qui a été coordonnateur des recommandations des sociétés savantes sur la borréliose de Lyme en 2019. Un test sérologique permettant, via un prélèvement sanguin, de détecter la présence d’anticorps dirigés contre la bactérie responsable de la maladie, indiquant que la personne a été infectée par la bactérie. Mais la symptomatologie aide aussi au diagnostic.
La maladie de Lyme se caractérise par deux grandes phases : une phase localisée précoce, marquée par un érythème migrant (voir ci-dessous), et une phase disséminée, qui n’est pas systématique, et qui se caractérise par des symptômes plus sévères et moins caractéristiques, principalement neurologiques ou articulaires.
Morsure de tique : l’érythème migrant, de quoi s’agit-il ?
Lorsque l’on est mordu par une tique infectée par la bactérie responsable de la borréliose de Lyme, rien ne se passe immédiatement, si ce n’est que l’on peut éventuellement repérer la morsure, tout comme celle-ci peut passer inaperçue. Les premiers symptômes ne viennent que dans les jours qui suivent, et jusqu’à un mois plus tard. C’est la phase localisée de la maladie. Une plaque rouge apparaît, en forme de cercle plus ou moins bien défini. Mais, surtout, cette tache assez visible s’étend, grossit. C’est d’ailleurs pourquoi l’on parle d’érythème migrant. En revanche, elle ne gratte pas ni ne démange.
Dès l’apparition de cette tache, il faut consulter rapidement pour recevoir un traitement antibiotique approprié. Car chez certaines personnes, la maladie de Lyme va conduire à une phase disséminée.
Les symptômes de la phase secondaire
« Chez certains patients – pas beaucoup, moins de 5 % -, si on ne traite pas par un antibiotique adapté, la bactérie va disséminer dans d’autres organes », prévient le Pr Tattevin. « Et ce qu’elle occasionne le plus, ce sont des atteintes neurologiques ou des atteintes articulaires », les premières étant les plus observées en France. « Chez les enfants, par exemple, ça peut donner des paralysies faciales. Il s’agit de la forme la plus fréquente chez l’enfant », poursuit le spécialiste, ajoutant que d’autres atteintes neurologiques peuvent être observées. Des atteintes cardiaques, oculaires, hépatiques ont également été rapportées.
Que se passe-t-il si une femme enceinte contracte la maladie de Lyme ?
Si une femme enceinte contracte la maladie de Lyme suite à une morsure de tique, le risque est, ni plus ni moins, le même que pour la population générale. La maladie de Lyme pendant la grossesse va se traduire par les mêmes symptômes. Ainsi risque-t-on de voir apparaître un érythème migrant et, éventuellement, une phase disséminée de l’infection, avec des symptômes principalement neurologiques. C’est pourquoi, que l’on soit enceinte ou non, l’apparition d’une plaque rouge évoquant un érythème migrant doit inviter à consulter rapidement pour recevoir un traitement adéquat, en l’occurrence un antibiotique : de l’amoxicilline.
Y a-t-il un risque de transmission maternofeotale de la bactérie ?
A ce jour, au vu des données recueillies, le risque de transmettre la bactérie au bébé pendant la grossesse est considéré comme nul. En d’autres termes, en théorie, une femme enceinte qui aurait contracté la borréliose de Lyme ne risque pas de la transmettre à son futur bébé.
Malformations, RCIU : quels sont les risques de la maladie de Lyme chez un futur bébé ?
Si des données contradictoires avaient pu laisser craindre un risque pour l’enfant à naître en cas de maladie de Lyme chez la mère, les données actuelles sont bien plus rassurantes. Il n’y a pas de risque malformatif ou de retard de croissance à craindre chez le fœtus dont la mère serait infectée durant la grossesse, puisqu’il n’y a pas de transmission de la bactérie de la mère à l’enfant.
Le traitement antibiotique à la doxycycline est-il compatible avec la grossesse ou l’allaitement ?
Non, la doxycycline, habituellement prescrite aux patients atteints de maladie de Lyme, est déconseillée durant la grossesse. Pour être plus précis, si son usage semble sans risque au premier trimestre, cet antibiotique est déconseillé durant les deuxième et troisième trimestres, car ce type d’antibiotique peut provoquer une coloration permanente des dents (jaune-gris-marron) lors du développement dentaire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la doxycycline est également déconseillée aux enfants jusqu’à l’âge de 8 ans.
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On lui préfèrera l’amoxicilline
Etant donné qu’il existe une alternative thérapeutique sûre et tout aussi efficace à la doxycycline contre la borréliose de Lyme, en l’occurrence l’amoxicilline, les médecins préféreront généralement prescrire ce dernier plutôt que la doxycycline.
Des mesures préventives à connaître
Pour la femme enceinte, les mesures préventives sont les mêmes que la population générale : repérage et extraction précoce des tiques. Pour la borréliose de Lyme comme pour beaucoup d’autres maladies, mieux vaut prévenir que guérir !
Il est bien évidemment conseillé de traiter ses animaux de compagnie à l’aide de produits vétérinaires adéquats, car chiens et autres chats peuvent ramener des tiques au domicile, dans le jardin ou la maison. Les inspecter régulièrement est également de bon ton, a fortiori lorsque l’on vit à la campagne.
Lors de balades en forêt, le port de vêtements couvrants, de couleur claire, est recommandé, pour repérer rapidement les tiques et empêcher leur progression jusqu’à la peau. Mais il est aussi et surtout conseillé de procéder à une inspection minutieuse de sa peau après chaque balade « au vert », et d’autant plus dans des milieux propices aux tiques (sous-bois, herbes hautes, tas de feuilles…).
Notons par ailleurs que la plupart des répulsifs chimiques (DEET etc.) ne sont pas recommandés pour les femmes enceintes. Comme pour les enfants, on leur préférera donc des barrières physiques (vêtements couvrants) et une inspection rigoureuse après balade.
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Bien retirer une tique
L’extraction précoce de la tique est une mesure de prévention de la maladie de Lyme, car les tiques infectées ne transmettent la bactérie, présente dans leurs glandes salivaires, qu’à la fin de leur repas, une fois bien gorgées de sang. Repue, la tique régurgite la salive, transmettant ainsi la bactérie qu’elle « héberge ».
Pour retirer une tique convenablement, il convient d’utiliser un tire-tique. Il n’est pas conseillé d’appliquer de l’alcool (ou de l’éther) pour « endormir » la tique, car la tique, ainsi stressée, risque d’avoir un réflexe de déglutition, et donc de transmettre la bactérie, si elle est infectée.
En revanche, une fois la tique correctement retirée, il faut désinfecter la zone de la morsure, avec un produit désinfectant.